B.Kayser : "J’espère qu’on va tous se régaler dimanche dans ce stade."
L'interview du talonneur international français Benjamin Kayser avant le choc au Matmut Atlantique ce dimanche...
Benjamin, faisons d'abord un petit retour sur la Champions Cup. Clermont a impressionné en terminant meilleure équipe de la compétition en nombre de points, toutes poules confondues. Comment avez-vous vécu ces six matchs de phase préliminaire ?
C'est parti d'un bilan, et d'un constat amer. Après la saison dernière on s’est rendu compte qu’on avait pris cette compétition à l’envers en ne se souciant que de nos points à nous… On a voulu attaquer cette campagne avec beaucoup de détermination. Qu'on connaisse bien les acteurs de notre groupe fut un avantage, on en connaissait la qualité, on savait qu’il pouvait y avoir des surprises et que personne n’allait rien lâcher. On a retrouvé les Anglais d'Exeter fidèles à eux même, c’est-à-dire une équipe qui joue très bien au rugby avec un paquet d’avants costauds. Heureusement on a réussi à bien se lancer en allant gagner là-bas.
Puis on a retrouvé nos meilleurs ennemis Bordelais. Ce n’est vraiment pas le même parfum de jouer une équipe française en coupe d’Europe. On est venu avec humilité et respect, plutôt évident après l'élimination qu'ils nous avaient fait subir l’année dernière. On a essayé de s’attacher à prendre les matchs les uns après les autres et ensuite à s’occuper de l’Ulster sur un match aller-retour qui n’était vraiment pas simple. Je pense que c’est une campagne qui a été bien menée, où une trentaine de joueurs ont joué, où le niveau de jeu n’a pas forcément été affecté par les tests de novembre qui nous ont pris beaucoup de joueurs. Ce sont des périodes pas évidentes à gérer. Certains disaient après le premier match « c’est bon ils vont dominer la poule ». En fait tout aurait pu changer si on n'avait pas gagné de trois points à Chaban-Delmas il y a 15 jours. Globalement, on a su rester constant, consistant, déterminé et solidaire. Je pense que c’est une phase de poule qui a été rondement menée contre de très belles équipes.
Vous terminez premiers, vous avez donc le droit de recevoir le dernier second, ça sera Toulon, à priori donc l'équipe la moins forte... non ?
(rires) C’est dire à quel point le niveau est faible ! La nouvelle formule de cette coupe d’Europe veut qu’il y ait 4 clubs en moins, on voit que le niveau est encore monté d’un cran. Tout peut changer avec cette nouvelle règle parce qu’il y un réel avantage pour les équipes 5-6-7-8 : en cas d’exploit en quart de finale elles peuvent se relancer complètement en recevant la demi-finale. Tout est relativement plus homogène. Pour parler de Toulon, évidemment que c’est une équipe pour qui on a beaucoup de respect, avec des joueurs de très grande classe. Même si ça tangue à certains moments, quand il s’agit de répondre présent, et bien ils sont toujours présent. C’est une énorme équipe qu’on va recevoir, triple championne d’Europe en quatre ans. Dans une compétition où l'on veut bien figurer, il faut jouer les meilleurs à chaque fois et eux, évidemment, ils en font partie. Ils sont tombés dans la poule des Saracens, les champions d’Europe en titre. Ça va être un énorme affrontement. C’est dans deux mois, beaucoup de choses peuvent se passer entre temps avec une période de Six Nations qu’il va falloir bien gérer. Mais on pensera à Toulon dans 5-6 semaines...
Le fait de perdre des joueurs pendant 8 semaines (tournoi des Six Nations) peut-il être un mal pour un bien ?
Ça ne peut que pousser nos collègues sélectionnés à progresser d’avantage, j’espère de tout cœur que ça fera franchir un palier pour certains, et pour d’autres entériner le fait que ce sont des joueurs de très grande classe mondiale et qu’ils pourront revenir avec une expérience accrue de ces matchs qui se jouent parfois à rien. Je ne suis pas sûr que ça apporte grand-chose sur la gestion des matchs de Top 14, en revanche pour la coupe d’Europe c’est une évidence parce que c’est le même genre d’arbitrage, parce que c’est une tendance de rugby positif, rapide, discipliné. Ce sont des amis qui vont se régaler, c’est un plaisir et un honneur ultime de jouer un match des 6 nations, et j’espère qu’en rentrant ils nous apporteront une plus-value.
Parle-nous du Top 14 maintenant, et de votre impressionnante constance de leader depuis le début de la saison.
On a fait un excellent début de saison qui nous a fait le plus grand bien, on a vraiment attaqué pied au plancher parce qu’on se déplaçait trois fois. Il y a eu beaucoup de rotation dans l’équipe avec des jeunes qui ont sur prendre leurs chances. Il me semble que c’est un Top 14 qui est encore archi-concurrentiel, 9 équipes sont vraiment au-dessus et sont compliquées à manœuvrer. On pensait les Bayonnais morts et au final en 3 semaines ils reviennent un petit peu, on pensait que les Palois allaient souffrir et finalement ils sont de retour. Je pense qu’il y aura des surprises jusqu’au bout. Nous on est content de notre parcours pour l’instant, on sait que ce qui compte c’est d’être bon à la fin. Quand on entendait qu’on était favori du Top 14 parce qu’on était premiers du Top 14, on était les premiers conscients que ça ne voulait rien dire. Donc on essaye juste de bien manœuvrer nos matchs en apprenant de nos erreurs et en se testant à balles réelles à chaque fois qu’on a des défis à relever. Et notamment dimanche où un sacré défi qui nous attend...
L’UBB et l’ASM se rencontrent pour la 8ème fois en deux ans, y a-t-il une explication concernant la différence entre le match aller (11 essais inscrits) et le match retour à 0 essai en Champions Cup ?
Evidemment il y a une connaissance accrue du côté des deux équipes, on se connait sur le bout des doigts. En revanche dans les deux équipes il y quand même une profondeur d’effectif qui permet de changer avec des particularités de jeu pour certains postes très différentes. Ca fait que les équipes ne jouent pas de la même manière en fonction des joueurs qui sont sur le terrain. Pour revenir sur ces deux matchs, je ne peux pas tout mettre sur les conditions climatiques du match retour, mais la pluie a pas mal influé sur le jeu produit, même si les Bordelais ont eu quelques occasions de marquer dans les 15 premières minutes. S’ils l'avaient fait, ça n'aurait pas du tout donné le même match. On s’est arc-bouté en défense et on est resté solidaire, et c’est pour ça qu’on y est arrivé. On connait la qualité de cette équipe bordelaise, si on les laisse jouer et développer leur jeu et être aussi excitants offensivement qu’ils peuvent l’être, on va vivre un après-midi compliqué dimanche.
Dimanche vous venez au Matmut Atlantique, tu connais ce stade parce qu’il y a un an et demi tu y as joué une demi-finale de Top 14. Quel souvenir gardes-tu de ce stade ?
On l’a découvert contre le Stade Toulousain. C’est une œuvre d’art architecturale, c’est un stade qui me semble vraiment aéré, beau, propre. Ce que je regarde toujours en premier c’est la distance entre la ligne de touche et les gradins. On sent vraiment un petit chaudron. C’est un stade vraiment magnifique qui j’espère va remettre le plaisir au centre des débats parce qu’on réfléchit beaucoup autour de ces matchs de rugby, sur ce qu’on doit faire, l’agressivité qu’on doit mettre. J’espère qu’on va tous se régaler dimanche dans ce stade.
Vous avez gagné les 4 dernières rencontres contre l’UBB, comment vois-tu le match de dimanche ?
Je vois ce match beaucoup plus engagé qu’il y a 15 jours. Il sera différent parce que ce ne sera pas le même arbitrage. Je pense que sur certaines phases de jeu les Bordelais vont pouvoir insister grâce à un Top 14 qui récompense plus l’intention que la règle pure et dure. Je pense que le terrain va être de qualité, il va vraiment aider les deux équipes qui sont portées sur l’offensive à développer leur jeu. Honnêtement je m’attends à un grand match. Je sens un espèce de ras le bol des dernières semaines de la part de l'UBB. Si ils ont envie de se refaire la cerise avant les vacances ça sera contre nous, mais ça c’est leur histoire à eux, maintenant nous on va essayer de continuer sur notre dynamique, de ne rien lâcher, les vacances c’est la semaine prochaine. Pas dimanche...