CE WEEKEND VU PAR LEOPOLD
ANALYSE DE LA 7ième JOURNEE DE CHAMPIONNAT PRO D2
Saint Denis, saint du jour était le favori des rois de France, c’est dans sa maison qu’ils y recevaient le sacre, mais le temps n’est pas encore venu pour de telles agapes? il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, chemin parfois semé d’embuches mais aussi de beaux moments.
Ce week-end encore, ce championnat a été facétieux, des gros y ont laissés des plumes, de justesse pour certains mais aussi plus largement :
- Tarbes a chuté chez lui devant son voisin Palois, Oyonnax n’a pas réussi son séjour en Gascogne à Auch et surtout Lyon a pris la pâtée dans le Cantal, pas sür que cela soit du à un excès d’aligot.
- Dimanche soir Albi a mal supporté son déplacement en Gironde et perdu pour la première fois cette saison.
Va falloir pour certains réviser les ambitions, tout est vraiment très serré.
Les « petits » font dans la résistance, Carcassonne a posé beaucoup de problèmes aux Narbonnais et Aix en visite aux bords de l’Adour a servi à Dax le goudron et les plumes, là on frise la catastrophe.
Grenoble et Mont de Marsan retrouvent des couleurs devant la Colombe qui perd encore de l’altitude, Saint Etienne en bon pénitent poursuit son calvaire, les jours se suivent pour lui et se ressemblent malheureusement, des points et des larmes.
En cette belle fin de journée le leader Albi reste le patron de la course, mais l’écart se réduit, 4 longueurs sur Aurillac et le Lou et 5 points sur l’Union qui fait là une bien belle opération.
Derrière de la 5ième place de Grenoble à la 13ième place de Colomiers seulement 4 points d’écart, un beau peloton pour lequel l’espoir fait vivre.
Aix, Dax qu’on n’attendait pas là et St Etienne ferment la marche.
La journée se déroulant par un temps superbe a été prolifique :
- 384 points marqués dont 150 à la main et 234 aux pieds
- 30 essais dont 27 transformés.
- 55 pénalités et 5 drops
- 7 cartons jaunes et un rouge.
- 3 bonus offensif pour Mont de Marsan, Grenoble et UBB
- 3 bonus défensifs pour Tarbes, Carcassonne et Oyonnax.
Commençons par les deux derbys :
Derby des Pyrénées, Tarbes recevait à Tréluts le voisin Palois.
Ce derby est aussi ancien que le Rugby, et ce ne sont certes pas les passages dans les cols des belles bleues qui auront détourné du stade les 5000 courageux spectateurs d’un spectacle attendu tous les ans.
Placés très proche en milieu de tableau, encore à portée de la tête de course, les deux équipes avaient à faire valoir des arguments, packs vigoureux, chevaux légers et canonniers d’élite, normal pour deux villes de garnison à forte tradition équestre.
Les qualités potentielles sont une chose et la réalité du terrain une autre et là est la vérité.
Match indécis où Tarbes peut être contracté par l’enjeu est fébrile, manque de maitrise au point d’être pris sur son point fort la mêlée à un moment crucial et concède un essai quelle portera telle une croix tout au long de la partie.
Opportuniste et réaliste le Béarnais mais depuis le bon roi Henry ou « Paris vaut bien une messe », c’est ancré dans les gènes.
Tarbes perd d’un point sur le score de 21 à 22 une partie qu’il aurait pu très bien gagner, faible consolation, le bonus défensif, échoit à Pau la victoire et la première manche du Derby, que l’Ours se rassure il y aura une revanche au printemps !!!
Derby de l’Aude dans la capitale de la Narbonnaise, belle et riche province du temps de Rome. 11000 spectateurs remplissaient le parc des sports et de l’amitié d’un peuple à l’accent rocailleux, connaisseur, initié depuis son plus jeune âge au noble sport où s’expriment sa culture et l’esprit de la race.
Un Rugby de caractère et il y en eut des deux côtés, du combat où on ne cède pas un pouce de terrain, on est altruiste et on sait souffrir pour gagner dans l’Aude.
Cinq essais au total et de la vigueur, un petit avantage acquis par Narbonne grâce à la vélocité et la puissance d’un fils des iles,Tawaga et aussi à Madaule capitaine courage.
Narbonne bât Carcassonne par 36 à 29, belle vendange non ?
Carcassonne rentre dans la cité avec un bonus défensif fort mérité, faudra pas y venir chatouiller les canaris, ils ont du répondant.
Après les derbys les grandes fêtes :
Aurillac recevait Lyon à Jean Alric devant 5500 irréductibles Arvernes.
Les deux formations caracolent en tête du groupe en ce début de saison, et c’est pour elles un premier moment de vérité, épreuve révélatrice, non, confirmation d’ambitions légitimes, oui.
Le Lou vient de dresser Grenoble et Aurillac en a fait de même dans le Haut Bugey en infligeant à Oyonnax une défaite historique mettant ainsi fin à une ère d’invincibilité.
Chacun peut être sûr qu’on sera fort dans le Cantal !!!
Broyé dans l’œuf par un pack de fer, pris sur ses points forts et en vitesse, sans degré de liberté, ficelé quoi !!!
Voila un Lou qui fait des fautes, beaucoup de fautes qui réjouissent Bourlon auteur de 17 points pour les Cantalous et aussi Monsieur Attalah l’arbitre qui distribue généreusement du jaune.
Match très maitrisé pour Aurillac qui confirme ses prétentions nouvelles et un Lou soumis ces derniers temps à la douche écossaise, un coup géant, un coup petit poucet.
Aurillac bât Lyon par 22 à 09 net et sans bavure, périple où Lyon ne ramène rien et surtout pas la confiance.
Nous allons à Mont de Marsan au stade Guy Boniface où 3500 courageux attendaient Saint Etienne comme le messie, peut être pour la poursuite de leur résurrection. Les Landais sortaient d’une courte défaite à Albi et Saint Etienne d’une lourde défaite contre l’Union à Geoffroy Guichard mais avait bien voyagé précédemment.
Bon là, il n’y a pas photo, avec 8 essais et 60 points le Landais était sur ses échasses, inabordable pour les gars du Forez, qui prennent encore une grosse claque.
Leur coach JS.Bignat dit "nous sommes encore en apprentissage", dur dur de passer beaucoup de temps derrière ses perches à voir Vignau-Tuquet enfiler les points.
Et puis dans la Haute Landes on a vécu longtemps chichement, l’austérité on connaît et lorsqu’on peut se gaver, c’est la fête.
Le saint a été bien fêté 60 à 10, bonus offensif de rigueur voila le carton du jour à porter au crédit des Montois.
Grenoble recevait à Lesdiguières Colomiers, 6000 montagnards remplissaient le stade pour accompagner les hautes Alpes face à la Haute Garonne.
Voila de bons supporters, actifs malgré les retards à l’allumage de leur équipe en ce début de saison.
Grenoble sous le coup d’une grosse déconvenue à Gerland face au Lou, a su réagir. Colomiers auteur d’une belle entame, qui s’essouffle, consommant ainsi son avance comme neige au soleil. 21 à 06 aux citrons, oui les montagnards sont là et avec la manière peut être le début d’un renouveau. Trop de blessés, infirmerie pleine, trop de fautes que le courage ne peut seul compenser Colomiers ne s’est pas rassuré avant sa réception d’autres Montagnards, Aurillac cette fois. Grenoble peut attendre Albi, le devoir est bien fait, il bât la Colombe par 36 à 06 et beau bonus offensif en prime pour récompenser 5 essais.
Au chapitre de la souffrance :
Auch recevait à Jacques Fouroux Oyonnax, seulement 2500 spectateurs, il y a quelques chose de cassé chez le peuple de Gascogne, c’est peu, très peu pour une belle affiche.
Et pourtant en gagnant à Dax les Gersois avaient donné un signe fort à leurs partisans.
Oyonnax violé sur ses terres par Aurillac se devait de réagir. Trop d’indiscipline nuit du coté des gars du Haut Bugey, Dut le canonnier local s’est régalé 18 points à lui tout seul, le score de son équipe. En face Bousquet et Bouillot ont essayé de répondre mais trop court. Victoire à l’ancienne où tout se passe devant, grosse volonté et gros cœur, à défaut d’être très créatif voilà les qualités de base que le petit caporal "maitre Jacques" a du approuver la haut.
Voila qui permettra de souffler un peu, Auch sort de la zone de tous les dangers et rejoint Oyonnax dans un ventre mou, soyeux certes où ce dernier n’avait plus l’habitude de séjourner.
A quand le réveil des gars d’Urios ?
Auch bât Oyonnax par 18 à 15 dans un concours de tirs au but où Oyonnax gagne le bonus défensif.
Douleur profonde :
Dax à Maurice Boyau attendait de pieds fermes Aix en Provence, pour cela 4000 fidèles s’étaient déplacés.
Après un beau succès aux bords de l’Adour sur Oyonnax et une courte défaite à Auch, on pouvait imaginer un retour aux affaires sérieuses, Roumat toute la semaine parlait de renouveau et puis les santons pensait-on, ce n’est pas des foudres de guerre même si une belle victoire sur la Colombe amenait à plus de considération.
Voila Tsunami, scénario catastrophe dans les Landes, Aix a maitrisé de bout en bout le match, maitre des conquêtes, entreprenants récompensés par 3 essais, Le pied de Lescalmels jeune bourreau chargé des hautes œuvres Provençales étant affuté, tout cela est trop pour de bien pâles Landais.
La mayonnaise n’a pas prise au bord des thermes, y a-t-il bien tous les ingrédients ?
Le public Landais courroucé a accompagné la sortie de ses poulains de sifflets divers et variés. On est au bord de l’émeute, dommage, Dax est un grand club du Sud Ouest auquel nous restons très attachés.
Aix en toute logique gagne par 30 à 14 prenant des points précieux et poussant Dax au bord de l’abime.
La fiesta :
6000 spectateurs à Moga pour la réception par l’UBB du leader, invaincu à ce jour, Albi en qui tout le monde voit l’accédant direct au Top 14.
Gros pack, puissant et roublard, gazelles véloces, buteur efficace d’une équipe très expérimentée drivée par « le sorcier » Gersois Henry Broncan, Monsieur Rugby, capable de trouver les remèdes à tous les mots. Une référence, un modèle !!!
L’Union après un premier faux pas à domicile, est dans le mieux, le grand mieux, déjà les 2ième et 3ième du classement sont passés sous les fourches caudines, voilà bien une valeur montante à confirmer et en voila bien l’occasion.
Tout la proD2 actuelle voulait le réaliser et l’Union Bordeaux Bègles dimanche soir l’a fait !!!
Et de quelle façon ?
Les mots sont trop faibles pour décrire un Rugby que nous n’avions entrevu à Moga depuis longtemps que trop rarement.
La puissance, conjuguée à la vitesse, à la créativité et une adresse diabolique conduit à l’impuissance des meilleurs qui ne peuvent alors qu’user d’expédiants pour survivre.
Albi à succombé.
Le public a retrouvé à cette occasion les valeurs et l’enthousiasme qui en font le 16ième équipier, celui qui fait que le groupe se dépasse pour laisser à tous un grand souvenir et une joie profonde.
Par 47 à 09 fruits de 5 essais de très belle facture donnant droit à un bonus offensif et de la précision de métronome de Fraser, voila bien la référence que nous tous attendions.
Je ne peux citer aucun acteurs particulièrement tant le groupe étendu aux remplaçants a été fort et nous a séduit.
Déjà pensons au déplacement à Aix en fin de cette semaine, il constituera une autre étape difficile, de jugement sur nos possibilités futures.
Peut être avons-nous vécu là le début de la naissance d’une belle aventure dans laquelle les joueurs prendront et nous donneront un grand plaisir.
Nous le souhaitons tous.
Merci à tous les acteurs de ce feu d’artifice.
Allez l'Union.
Léopold
