LAURENT MARTI FAIT LE POINT AUX 2/3 DE LA SAISON

 

 
 

INTERVIEW LAURENT MARTI 18/02/2011

 
 

Merci Laurent de nous accorder un peu de ton temps.

 

 

 

Laurent, nous venons de terminer le deuxième tiers du championnat et pour le moment nous sommes bien placés pour les demi-finales. Mais revenons sur ces deux tiers ;

 

nous sommes quatrième, nous allons à Carcassonne incroyable promu en position de cinquième, notre domination est totale et pourtant nous chutons. Quel est ton sentiment après cette défaite incompréhensible ?

 
C'est le match de la saison et qui m'a mis le plus en colère. Encore plus que celui de Colomiers perdu à domicile. Et c'est le match qui m'a non seulement mis le plus en colère mais m'a le plus inquiété. Pourquoi ? Parce que ce jour-là nous avons joué un jeu aussi spectaculaire qu'inefficace. Heureusement de puis, ce match nous a servi de leçon et je crois que l'on a rectifié le tir en termes de pragmatisme et d'efficacité.
 
 
 

Vient Mont-de-Marsan que nous recevons sans nos internationaux. Victoire à l'arraché face à une équipe qui monte en puissance et lance beaucoup de jeux. Imaginais-tu à ce moment-là que cette équipe serait un de nos principaux concurrents pour les places qualificatives ?

 
Complètement et depuis le début. N'oublions pas que Mont-de-Marsan est monté en TOP 14 il y a deux ans. Ils ont encore 60 ou 70 % de l'effectif de l'époque. C'est un club qui à la fois recrute intelligemment et en même temps forme de très bons jeunes. Aujourd'hui Mont-de-Marsan est une équipe extrêmement redoutable, et face à laquelle nous n'avons pas de marge de manoeuvre.
 
 
 

La victoire à Narbonne, fief de Marc Delpoux, des charges d'avants, des trois-quarts très actifs, une défense solidaire, mais hélas déjà des essais offerts à zéro passe, victoire d’un point de toute une équipe. Il semble que le groupe ait franchi un cap dans la maturité non ?

 
Oui, moments fabuleux par ce que victoire hyper importante à l'extérieur. Ce jour-là on a compris que l'on augmentait nos chances de participer aux demi-finales. Victoire heureuse il faut l'avouer mais que les garçons sont allés chercher. Et pour une fois on avait enfin la réussite.
 

 

Puis vient Tarbes, le trou, la non existence de l'équipe, battue dans tous les domaines, après cette prestation comment analyses-tu ce non match ?

 
Match révélateur de nos manques. Nous sommes pris ce jour-là sur la conquête principalement, mais aussi sur un manque de don de soi. C'est ce que j'ai dit aux joueurs après ce bloc en disant que tout allait bien, que l'on était content mais il me semblait que dans le don de soi on se devait de franchir un palier. Ça été fait depuis. Ce jour-là avait été révélateur de cette lacune.
 
 

 
Dernier match de la phase aller, réception d'Auch, équipe de deuxième partie du classement mais  toujours difficile à jouer avec des valeurs enviées par tous. L'Union domine largement, gagne, mais offre deux essais à zéro passe à l'adversaire, c'est quand même rageant. On ne prend pas le bonus offensif, on donne le bonus défensif et on passe cinquième.

 
Et oui, c'était révélateur de ce bloc de cinq qui avaient été très compliqué et de nos lacunes qui étaient liées à un manque de pragmatisme. Mais il faut toujours se méfier de Auch , c'est une équipe qui a de bons joueurs et qui s'appuient toujours sur ses valeurs, on était content de la victoire malgré tout.
 
 
 

Fin des matchs aller, on est dans le TOP 5, c'est bien, mais peut mieux faire non ?

 
Oui, tout à fait. C'est exactement ça. C'est le message que j'ai fait passer aux joueurs, que c'est bien d'être cinquième, que c'est fabuleux pour le club, mais qu'aujourd'hui on se devait d'être encore plus ambitieux.
 
 

 
Quatrième bloc, premier match contre Colomiers et une revanche à prendre, mais avec un pack malade face au meilleur pack de toute la PRO D2. Garçons super motivés, victoire incontestable, retour à la quatrième place, que demander de plus pour démarrer les matchs retour ?

 
Très bon souvenir. Ce jour là nous avons compris que l'équipe avait franchi un palier dans le pragmatisme, dans l'efficacité et dans le don de soi dont on parlait un peu plus tôt. Nous gagnons ce jour-là parce que les trois conditions étaient réunies.
 
 

 
Déplacement à Aurillac, avec une équipe qui tourne face à une équipe au plus mal. Défaite nette. Étions-nous déjà en préparation des rencontres suivantes ?

 
Complètement et je donne raison aux entraîneurs d'avoir fait tourner l'effectif sur ce match pour mieux préparer la suite. Il faut quand même souligner que les joueurs qui ont été alignés ce jour-là n'ont pas démérité. Nous avons fait un match tout à fait correct face à une équipe d'Aurillac qui est une équipe costaud, mais équipe qui doute. Rien à déclarer de spécial, c'était un match correct.
 
 

 
Réception d'Oyonnax, très large victoire avec bonus offensif, est-ce un match référence ?

 
Oui, il fait parti des matchs références. Les garçons ce jour-là ont prouvé que en plus du pragmatisme et de l'efficacité ils n'avaient pas pour autant perdu ce très beau rugby que les coachs leurs font pratiquer.
 
 

 
Et puis le match à gagner impérativement contre un adversaire direct, Grenoble. On le gagne, mais victoire à la Pirrhus avec la première ligne à nouveau décimées. Dans quel état d'esprit étais-tu après cette difficile victoire ?

 
Très heureux. Très heureux, très satisfait du match par ce que Grenoble est une équipe très solide, Grenoble c'est un budget qui est 40 % supérieur au nôtre, et ce jour-là les garçons ont livré un match avec leur coeur mais surtout avec leur tête ; les 10 dernières minutes ont été jouées avec le coeur et la tête, et c'est ce qui a fait nous la différence.
 
 

 
Enfin Lyon, où finalement on arrive à sortir une première ligne, mais où encore une fois on fait une bonne première mi-temps, mais on ne prend aucun point, ça devient presque une habitude.

 
Oui très frustrant, pour moi ce jour-là, la victoire bascule du côté de Lyon uniquement en raison des décisions de l'arbitre. Et je pèse mes mots, on n'a pas été meilleur que Lyon ce jour-là, Lyon n'a pas été meilleur que nous. Et certaines décisions anodines sur des pénalités ont permis à Lyon de revenir dans le match, de nous tenir à distance, voilà cela fait partie d'une saison régulière.
 
 

 
Nous sortons de ces deux blocs quatrième comme nous y étions entrés. Mont-de-Marsan revient derrière nous, Auch colle à la cinquième place et Carcassonne s'éloigne. Pour nous le point marquant n'est-il pas au-delà de la confirmation de notre projet de jeu et de la très grande valeur de nos joueurs, que malgré le nombre de blessés en première et deuxième ligne et la difficulté à trouver des jokers médicaux, nous confirmons notre belle quatrième place ?

 
Ceci c'est un bloc très satisfaisant, il faut le dire, peut-être notre plus tôt bloc depuis le début de la saison par ce que il y avait trois déplacements et il fallait en gagner un et surtout nous affrontions de très grosses équipes et nous en avons battu une avec le bonus offensif donc un bloc très encourageant et très satisfaisant. Oui nous avons franchi un palier.
 
 

 
Avec Cameron Treloar nous avons commencé le recrutement 2011 - 2012. Comme dans la mode vestimentaire une collection se monte une saison avant, alors où en sommes-nous du recrutement 2011 - 2012 ?

 
Eh bien nous y travaillons très dur depuis presque deux mois maintenant. Avec une volonté de renouveler un minimum de joueurs parce qu'enfin nous avons réussi à constituer je crois un groupe de qualité. Mais en même temps en étant tenu d'observer tout ce qui ce passe sur le marché de manière à préparer au mieux l'an prochain, mais avec une difficulté, de ne pas savoir si nous serons qualifiés, ou si nous serons qualifiés sans monter. Cela ne facilite pas le recrutement, mais on n'y travaille très très en amont par ce que encore une fois on n'a pas le budget de certains autres, donc on se doit de regarder ce qui se passe partout, de flairer le bon coup à l'étranger, ou surtout, et j'y suis très attaché, à donner leur chance aux jeunes français à fort potentiel.
 
 

 
Sur ces deux blocs, six victoires, quatre défaites, un bonus offensif, un bonus défensif mais on laisse à l'adversaire cinq bonus défensif, beaucoup de match où nous faisons seulement une première mi-temps de haut niveau, et trop d'essais à zéro passe offert à nos adversaires, n'est-ce pas là notre talon d'Achille ?

 
Complètement ! Complètement, le staff et les joueurs en sont conscients. Il me semble que c'est quelque chose qui est en train de se gommer, de se corriger. Mais pour aller plus loin, il faudrait être beaucoup plus tueur.
 
 

 
Penses-tu que le fait d'être télévisé trois fois en quatre matchs soit une reconnaissance de la qualité de notre jeu ?

 
Ça n'est rien d'autre que cela, plus le fait que Bordeaux a de bons résultats et que l'histoire que l'on est en train d'écrire à Bordeaux intéresse les médias. C'est une histoire qui sent bon, qui est belle et je crois que tout le monde salue la passion que l'on met dans notre travail. À partir de là les projecteurs sont un peu plus braqués sur nous.
 
 

 
Le nombre de nos supporters en tribune augmente de match en match, comment faire pour remplir totalement le stade ?

 
Continuer à avoir de très bons résultats. La clé n'est que là. Je le dis depuis le début, pour développer un club il faut de bons résultats sportifs. Les bons résultats sportifs plus le spectacle de cette année permettent d'avoir un public de plus en plus nombreux, mais aussi des partenaires qui n'ont pas encore répondu à tous nos espoirs financiers mais qui montrent un intérêt certain pour nos matchs en étant beaucoup plus présents le jour des matchs, ils passent de très bons moments pendant et après les matchs. C'est très encourageant pour la suite.
 
 

 
Sur les deux derniers blocs, nous recevrons six fois, notre concurrent direct Mont-de-Marsan recevra quatre fois, la demi-finale est donc en vue ?

 
Il est trop tôt pour en parler. On a beau recevoir six fois, et Mont-de-Marsan quatre fois, il va falloir se déplacer à Mont-de-Marsan ; c'est ce qu'on appelle un match à huit points, et ça équilibrera les réceptions entre nos deux équipes.
 
 

 
La dernière journée verra Grenoble jouer à Pau (qui vient de gagner à Albi), l'Union à Auch (quatrième contre sixième) et Mont-de-Marsan recevra Oyonnax (cinquième contre septième). Crois-tu qu'il pourrait y avoir un gros bouleversement du classement ce jour-là ?

 
J'ai dit avant le premier coup de sifflet de la saison que les qualifications se joueront à la dernière seconde sur une dernière pénalité et je le maintiens. À la seconde de la dernière journée.
 
 

 
Demi-finale en vue, mais à la maison ou à l'extérieur ? Notre concurrent pour la troisième place Grenoble reçoit cinq fois, penses-tu qu'une troisième place soit envisageable ?

 
Très compliqué, encore une fois on va tout faire pour rester dans les cinq premiers, par ce que aujourd'hui ça serait grave de ne pas y être étant donné notre bonne saison. La demi-finale à domicile on en rêve, on en a besoin, mais je crois que ça va être en effet très très compliqué à atteindre.
 
 

 
Dans le cas d'une demi-finale à l'extérieur, ne vaudrait-il pas mieux aller à Albi plutôt qu'à Grenoble … Ne serait-ce que pour avoir des supporters ?

 
Je ne me prononcerai pas sur ce genre de question, ce serait faire insulte à nos adversaires, et s'il y a bien une valeur à laquelle je suis très attaché et qui est propre au rugby c'est bien le respect et l'humilité.  
 
 

 
Si on te prédisait une finale à Agen contre Mont-de-Marsan venu à bout de Grenoble après un match extrêmement dur avec prolongation, tu signes immédiatement ?

 
Je signe immédiatement pour une finale même si elle doit se jouer à Roubaix contre Oyonnax.
 
 

 
Quel pourcentage de chances nous donnes-tu de monter en TOP 14 cette année ?

 
25 %.
 
 

 
Il y a juste un an tu avais secoué la PRO D2 et le microcosmes bordelais en annonçant ton éventuel départ. Un an après quel bilan fais-tu de cette action ?

 
C'est toujours aussi dur, j'ai toujours autant mal à la tête, mais j'aime toujours autant ça.
 
 

 
Le Grand stade ? Il semble aujourd'hui certain que nous resterons à Bègles. Mais le stade demande à être restauré et agrandi. Cela ne peut pas se faire en quelques semaines. Alors comment vois-tu ce changement, date de début et de fin des travaux, où jouer pendant les travaux, etc. ?

 
Oui en effet il y a un projet très sérieux qui avance sur le stade à Bègles. Ce stade sortira j'en suis assez persuadé. Il se fera par étapes. Je crois qu'il est difficile d'imaginer un premier coup de pioche avant deux ans. Où jouerons-nous pendant les travaux éventuels ? C'est une question d'organisation avec les architectes. On sait tous que lorsqu'il y a rénovation dans un stade il y a une période de sacrifices et on fera comme les petits copains.
 
 

 
Demain nous recevrons Saint-Étienne, toujours lanterne rouge mais qui a beaucoup progressé et a fait trembler quelques belles équipes. Match piège, à ne pas rater, où il faudra prendre le bonus offensif. Tu redoutais particulièrement cette rencontre à l’aller, est-ce le cas aujourd’hui ? Vas-tu dire un mot aux joueurs avant ce match ?

 
Non je n'ai pas prévu de dire un mot aux joueurs avant ce match. Je m'exprimerai peut-être plus tôt avant Albi. Le bonus offensif on n'en parle même pas, l'objectif c'est déjà de battre cette équipe de Saint-Étienne qui, attention je le répète, a des joueurs de qualité, s'est refait la cerise et n'a plus rien à perdre, et donc devient encore plus dangereuse. J'ai visionné personnellement leurs matchs contre Tarbes, contre Oyonnax, et contre Albi, eh bien crois-moi, ils auraient très bien pu gagner ses trois matchs, principalement celui contre Albi et aussi Tarbes. Donc méfiance, un seul impératif la victoire, le bonus offensif je ne veux même pas qu'on en parle.
 
 

 
Merci Laurent pour ce long moment passé ensemble, pour la qualité, la clarté et le parler vrai de tes réponses.

 
 

ALLEZ L'UNION

 


  Jacques

 

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