
Entretien avec Raphael Ibanez
Bonjour Raphaël. Cinq semaines de préparation pour attaquer un championnat qui s’annonce très difficile, est-ce suffisant alors que les autres années nous avions six voire sept semaines ?
Il est évident que c’est une préparation ultra courte. Il a fallu avec l’ensemble de l’encadrement technique rugby mais aussi la cellule de préparation physique avoir une vraie réflexion pour trouver le meilleur équilibre. Je pense que dans ce temps imparti, très court, on a fait la meilleure préparation possible avec un bon équilibre entre le rugby et le travail physique, en restant toujours dans cette obsession de l’optimisation du temps. C’est ce qui nous a guidés dans notre préparation.
Le stage à Santander était un élément important dans cette période ?
Oui c’était un élément important, c’était une semaine d’entraînement intensif mais aussi un moment de cohésion. Ce qui me fait penser que l’équipe est sur la bonne voie au niveau de l’état d’esprit c’est que les internationaux qui avaient été extrêmement sollicités au mois de juin en Argentine, avec le succès qu’on leur connaît, ont pris le temps de venir passer du temps avec l’équipe pour chercher à renforcer cette intégration et cette cohésion. En terme d’état d’esprit et de cohésion, c’est positif.
Pour ces 6 joueurs qui ont un peu "éclos" en équipe de France, 3 sont sur la liste Elite, (et donc touchés par la règle des 8 semaines à l’inter saison sans aucun match et des 8 semaines consécutives à la disposition des Bleus pour le Tournoi des VI Nations). Il y a quelques temps tu disais que tu aimerais avoir tous les joueurs sur cette liste, mais n’est-ce pas un peu trop pour l'UBB ?
Je crois qu’on a démontré dans un passé récent que le club dans son ensemble et en tête le président Laurent Marti, a la volonté de donner l’opportunité aux joueurs dont le potentiel international allait se révéler ou s’est révélé, de poursuivre leur aventure internationale. C’est un honneur pour le club mais aussi pour le joueur de pouvoir défendre le maillot bleu. C’est un moment particulier et spécial dans une carrière sportive, donc il faut être honnête et laisser aux joueurs la possibilité de s’exprimer. On l’a démontré avec Jeff Poirot et Baptiste Serin, il y a forcément aujourd’hui une nouvelle donne avec cette convention, des aménagements qui sont prévus et qui doivent favoriser l’éclosion de ces joueurs au plus haut niveau. On va rester sur notre ligne de conduite, c’est-à-dire respecter ces engagements même si je ne pense de manière égoïste qu’à l’avenir du club et de son équipe professionnelle. Cela risque de poser certains des problèmes, notamment sur le nombre de matchs que vont disputer ces joueurs-là avec le club. Il faudra qu’ils soient omniprésents et performants sur le nombre de rencontres où ils seront à notre disposition.
Nos internationaux avec la tournée en Argentine n’ont pas encore repris la compétition et il est peut-être un peu prématuré ou risqué de les faire jouer le premier match contre le Racing. A cela il faut ajouter les absences de Kitshoff, Hickey, Ashley-Cooper et Saili...
Ai-je vraiment le choix ? C’est une réflexion que nous avons eue au sein de l’encadrement technique mais compte tenu des absences, des blessés, je n’ai pas d’autres choix que d’impliquer les 5 internationaux que nous avons au sein du club. J'aurais préféré leur permettre de récupérer, les "protéger", donner à ces joueurs-là quelques minutes de temps de jeu avec leurs coéquipiers pour qu'ils trouvent le rythme, pour pouvoir entrer dans les meilleures dispositions dans les matchs de très haut niveau. Ce ne sera pas le cas ce week-end, je le regrette mais je n’ai pas vraiment le choix. Ils devront aller au feu comme leurs partenaires et se surpasser par rapport leur potentiel physique actuel.
Où en est l’intégration des nouveaux transferts ou espoirs ?
Cela se passe très bien, la communication au sein du club est toujours aussi évidente. Notamment la relation entre l’équipe espoirs et l’équipe professionnelle puisque avec David Ortiz et Michel Maillet nous avions convenu à la fin de la saison dernière qu’on allait intégrer dans notre préparation un maximum de jeunes joueurs méritants. Il y en a eu beaucoup puisqu’ils ont conquis le titre de Champion de France l’an dernier de haute lutte face à Clermont dans une finale fantastique. L’idée, c’était de voir ces jeunes joueurs à l’œuvre dans le contexte de l’équipe professionnelle. L’intégration des jeunes s’est donc très bien passée, celle des nouveaux aussi même si je suis conscient que pour eux c’est toujours délicat. On est dans une sorte de formation accélérée par rapport à nos principes de jeux, à nos idées sur le rugby. Il faut aller très vite avec eux, ils auront le droit à l’erreur il faudra que je sois indulgent, pas seulement moi mais aussi les supporters et le public de l'UBB.
Le calendrier annonce un début et une fin de saison très compliqués. On rencontre pour les cinq premières journées quatre des cinq premiers de la saison passée, et le Racing et Toulon pour les deux derniers matchs. On aurait pu rêver mieux pour mettre la machine en marche ?
Oui mais là encore on n’a pas vraiment le choix, il faudra répondre présent. Vers la fin de la saison dernière je suis resté assez silencieux parce que certains commentaires autour de l’équipe me fatiguaient, notamment par rapport aux ambitions qu'on aurait affichées. En ce début de saison je suis content de pouvoir m’exprimer à nouveau et de faire passer ce message qui est de faire plaisir, c’est ça notre ambition. Bien sûr, on peut parler d'ambition sportive mais je suis très prudent cette année. L’ambition première de l’équipe professionnelle va être de retrouver ce public à Chaban qui vient toujours plus nombreux, de respecter les partenaires qui s’engagent auprès de l’équipe et de prendre du plaisir, essayer d’en donner. Le plaisir d’être ensemble depuis la préparation me donne à penser qu’on est sur la bonne voie.
Samedi nous recevons le Racing, que vas-tu dire aux joueurs avant le match ?
Je vais leur dire qu’ils ont en face des adversaires qui ont acquis un statut légitime de champions. Face à une grande équipe, la priorité est de ne pas nous laisser impressionner, de défendre nos chances et le maillot de l’UBB. Les joueurs et l’ensemble de l’encadrement technique défendent aussi un club, son image, son statut. La motivation sera forte !