Rétro 10 ans - Adam Jaulhac : « Il me donne une crêpe, espérant que je la lui retourne. »
Retours et anecdotes... dix ans après
Laurent Armand, Franck Labbé, Laurent Ferrères, Adam Jaulhac, Julien Rey ouvrent la boîte à souvenirs...
Franck Labbé :
"Je me souviens que la veille de la finale, on dormait dans un golf vers Agen. Une vingtaine de dirigeants s'étaient réunis pour se faire une soirée à cet endroit. Et alors qu'on était à fond dans notre préparation de match, ils s'étaient fait une table et je les vois en train de ne s'ouvrir que des premiers grands crus ! C'était un peu surréaliste comme situation. Alban Moga avait amené un Cheval Blanc, et il m'avait dit "T'inquiète pas, j'en ai une deuxième, si on monte je te promets qu'on l'ouvre ensemble." Et il a tenu parole, on a depuis bu quelques bouteilles, mais jamais le Cheval Blanc. On n'a jamais eu l'occasion de l'ouvrir... Elle viendra peut-être quand on fêtera les dix ans tous ensemble !
Une autre anecdote ? J'en ai des tonnes... Sur le retour d'Agen, il y avait un véritable convoi de voitures de supporters qui nous suivait. J'avais un pote qui passait son temps à doubler et à se laisser redoubler par le bus... avec le recul c'était un peu limite (rires). Quand on arrive à Bègles, on a l'impression d'être champions du monde... Ce qui m'a marqué, c'est le nombre de personnes qu'on ne voyait pas habituellement, certains avaient ressorti les drapeaux et les maillots béglais, C'est là que j'ai senti l'incroyable attente qu'il y avait autour de nous joueurs, autour du club. Et puis, la soirée à la bodega, Laurent Marti qui avait offert l'open bar à tout le monde... Il nous avait offert du champagne, mais nous les joueurs on préférait la bière, donc le champagne on le faisait sauter dans tous les sens... C'était bondé, ça dansait, ça criait... c'est un miracle que le plancher ait tenu !
Franck (108 matchs à l'UBB) est aujourd'hui restaurateur à Bordeaux (l'Étal Ibérique).
Adam Jaulhac :
"Je garde un souvenir fantastique de ce moment, on ne partait pas favoris, ça a été assez serré tout le match. Comme beaucoup sans doute, mon souvenir le plus marquant c’est quand l’arbitre siffle la fin du match et que les supporters envahissent le terrain. Mais dans cette épopée de 2011, je crois que le véritable exploit c’était à Grenoble, de mémoire la finale était déjà prévue pour se tenir à Béziers. C’était dans la logique du championnat, tant Albi et Grenoble étaient favoris.
Une anecdote pendant le match : je me souviens qu’à quelques minutes du coup de sifflet final, un joueur albigeois me donne une crêpe, espérant que je vais la lui retourner. Ils avaient besoin d’un essai pour égaliser. C’était du vice, il n’attendait que ça, que je craque pour qu’ils puissent bénéficier d’une pénaltouche !"
Dernièrement opéré au genou, Adam (175 matchs à l'UBB) ne sera pas reconduit à Bayonne en fin de saison. S’il observera encore une période de convalescence, il aimerait rapidement retourner sur les terrains car le rugby lui manque !
Julien Rey :
"Je me souviens qu’on était parti en « mise au vert » dans un hôtel proche d’Agen, c’était la campagne. Ce qui m’avait marqué, c’était le calme et la sérénité qui se dégageait. On était loin des tumultes liés au contexte de notre finale. Un autre souvenir marquant, c’est l’après-match. Après avoir passé de nombreuses heures à la bodega de Moga, on était partis à la Plage le Club. Je ne me suis pas couché, comme pas mal de mecs. Je me souviens que Vunga Lilo avait changé mon pneu de voiture à 5 ou 6 heures du matin. On était ensuite allé aux Grands Hommes où on avait pris le petit déjeuner, avant de nous rendre au miroir d’eau sur les quais. Je crois me souvenir que Fonfon s’était allongé dans l’eau d’ailleurs. L’après-midi, on était allés chez Julien Seron qui nous avait tous invités pour un barbecue. Et enfin les plus irréductibles sont allés chez Franck Labbé.
Dont moi (rires)."
Après 9 ans passés à l’UBB (151 matchs), "Juju" Rey vient de ranger ses crampons à l’issue de sa 3e saison à Carcassonne. Papa d’un petit Léon en début d’année, il compte profiter de son nouveau statut de jeune retraité.
Laurent Ferrères :
"Je suis arrivé 4 ans avant, en 2007, à une époque où l’on jouait à Moga devant 150 personnes, mais j’avais été séduit par le projet un peu fou de Laurent Marti de monter en Top 14. Ce qui est particulier pour moi, c’est que cette saison 2010-2011 est très liée à ma vie personnelle. Je perds mon papa un peu moins d’un an avant la montée, et si je sens rapidement en début de saison que l’effectif a les capacités de monter en Top 14, je ne suis pas au niveau auquel j’aurais dû être. Quelques jours avant la finale, ma femme accouche de mon fils Pablo. Je suis remplaçant à Grenoble en demi-finale où je joue 20 minutes, et je ne rentre pas pendant la finale. C’est donc un sentiment un peu paradoxal. À titre personnel le contexte n’était pas simple, mais ma priorité ayant toujours le club depuis mes débuts à l’UBB, je garde le souvenir d’une immense fierté, d’une aventure humaine et collective exceptionnelle. Quand je vois ce qu’est devenu le club aujourd’hui, je suis fier d’avoir contribué à ce parcours. Et j’ai la chance d’y être encore aujourd’hui."
Laurent Ferrères (113 matchs à l'UBB) est actuellement le manager de l’équipe à 7 UBB CEVA Sevens (le Supersevens sera de retour cet été), entraîneur du centre de formation et coordinateur sportif des minimes du CABBG.
Laurent Armand :
"La dégustation de grands crus par les dirigeants la veille de la finale ? Oui bien sûr qu'on ne s'était pas caché des joueurs, je te dirais même qu'on leur a rendu la pareille. Je m'explique. On avait appris a posteriori que le soir du retour de Grenoble, alors qu'on leur avait demandé de rester raisonnables - Marc Delpoux leur avait dit qu'ils avaient le match le plus important de leur carrière à jouer 7 jours après -, tous les joueurs étaient allés dans le pub préféré de Matthew et ils y étaient restés jusqu'à 6 heures du matin ! Mais franchement on ne l'a su que bien après, car le lundi matin on les avait trouvé nickel, tout frais. On leur avait même préparé de nouvelles combinaisons en touche qu'ils avaient intégré super vite.
Ah cet accueil à Bègles, la bodega, la marée humaine. Je suis copain avec Patrick Vergé et Laurent Vergé, ils m'ont toujours parlé du titre de Bègles il y a 30 ans cette année, en 1991. Je m'étais dit, si on pouvait vivre ça... Et bien ce jour-là, il flottait un peu le même parfum à Moga."
Laurent a été et le capitaine et pilier de la première heure unioniste en 2006, puis il est devenu l'entraîneur des avants de l'UBB jusqu'en 2012. Son grave accident l'a conduit à mener le plus dur des combats, et il poursuit aujourd'hui sa rééducation avec la mentalité de compétiteur qu'on lui connaît. "J'ai rencontré un kiné qui est un vrai fou. Le tour du terrain à Chaban avec tous les acteurs de 2011 ? Ça va faire partie de mes challenges !"
S'il s'éloigne rarement du Bassin où il habite, Laurent reste évidemment proche du rugby. Il participe aujourd'hui au coaching lors des entraînements du club de Gujan-Mestras.
Découvrez également le dossier spécial 10 ans paru dans le journal Sud-Ouest toute cette semaine.